Gabon/Genève : Syndicalisme fantôme

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Pendant que les travailleurs gabonais affrontent au quotidien l’arrogance de certains employeurs véreux, l’instabilité des emplois, le mépris des conventions collectives et la lenteur des inspections du travail, un petit groupe d’individus profite tranquillement d’une rente syndicale protégée, sous couvert de l’éducation ouvrière et de la Conférence internationale du Travail.

 

Chaque année, plusieurs millions de francs CFA sont prélevés sur les caisses de l’État, et donc sur le dos des contribuables, pour financer un prétendu programme de renforcement des capacités syndicales. En réalité, ces fonds servent avant tout à envoyer quelques habitués en villégiature à Genève, à l’occasion de la Conférence internationale du Travail de l’OIT.

 

Officiellement, ces personnes sont censées représenter les travailleurs du Gabon à l’international. Dans les faits, il s’agit souvent de retraités ou de sans emploi, n’ayant plus aucun lien réel avec le monde du travail. Leurs structures n’ont ni siège, ni membres actifs, ni activités concrètes, ni bilans financiers.

 

Pire encore, les participants arrivent souvent à Genève à quelques jours de la fin de la conférence, uniquement pour signer la feuille de présence officielle. Le reste du séjour, financé par des per diem généreux, se transforme en session de shopping et de tourisme. Certains s’y rendent même avec conjoints et enfants, comme en vacances.

 

Aucune restitution, aucun rapport, aucune communication à destination des travailleurs n’a jamais été produit. Pas même un compte rendu. Silence radio total, année après année.

 

Cette situation ne relève pas de la simple négligence administrative. Elle s’inscrit dans une stratégie ancienne, toxique et cynique, héritée de l’ancien régime, qui consistait à instrumentaliser le syndicalisme à des fins de chantage politique.

 

Ces fausses organisations ont longtemps servi de bras armé à des logiques de tension fabriquée, déclenchant des mouvements d’humeur de façade, obéissant aux ordres de mains noires. Pendant ce temps, les syndicats authentiques, ceux qui contestent réellement les abus patronaux, sont privés de d’accès aux processus de concertation.

 

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Le ridicule jusqu’au bout

 

Cette année encore, le même groupe d’individus s’est permis d’assiéger le ministère du Travail, non pas pour exiger le respect des droits des travailleurs, mais pour se plaindre de ne pas avoir reçu à temps, l’argent pour le voyage à Genève. Une indignation indécente, qui montre à quel point certains ont fini par confondre militantisme et privilège.

 

Il est temps d’assainir

 

Dans un contexte de transition politique et morale, il est urgent que l’État :
– Audite les subventions syndicales allouées depuis des années sans contrôle ,
– Suspende tout financement à des organisations sans preuve d’activité réelle,
– Organise des élections professionnelles crédibles, où les travailleurs éliront leurs véritables représentants.

 

Le syndicalisme ne doit plus être un lieu de rente, mais un outil de combat et de justice. Il doit retrouver sa vocation originelle, celle de défendre les travailleurs, et non servir de refuge à des inactifs politisés en mal de voyages annuels.
Que chacun prenne ses responsabilités.

 

C’est enfin notre essor vers la félicité

Aimé Jordan PANGO 

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