Gabon: SEEG, Moov Africa Gabon Telecom et les médias, de la lumière à l’ombre du silence complice

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Depuis la fin de l’administration provisoire à la SEEG, les Gabonais subissent de plein fouet une série de coupures d’électricité aussi récurrentes qu’incompréhensibles. Le gouvernement, soupçonnant un sabotage organisé, a même diligenté une enquête sous l’égide du commandement en chef de la gendarmerie. Mais pendant que les regards sont braqués sur la SEEG, un autre scandale, tout aussi grave, s’enracine dans l’ombre : celui de Moov Africa Gabon Telecom, et de son étrange immunité médiatique.

 

Car pendant que la SEEG est clouée au pilori de l’opinion publique, Moov Africa Gabon Telecom, qui aurait dû garantir une continuité de service conformément aux exigences de sa licence d’exploitation, multiplie les dysfonctionnements sans être inquiétée. Les abonnés, captifs, vivent un véritable calvaire : appels coupés, Internet inaccessible, services mobiles aux abonnés absents. Et pourtant, son principal concurrent, Airtel Gabon, semble traverser cette même période de coupures d’électricité sans dommage majeur. Une réalité qui met à nu un choix cynique de Moov : celui de ne pas investir dans des équipements de secours dignes de ce nom, au nom d’une politique d’économie… sur le dos des usagers.

 

Mais le plus troublant, c’est ce silence assourdissant des chaînes de télévision privées et d’une partie des médias dits « indépendants ». Silence total, pas une critique, pas une enquête, pas même une question soulevée. Pourquoi ? La réponse est aussi brutale que limpide : des contrats commerciaux lient certains d’entre eux à Moov Africa Gabon Telecom, les muselant de fait. Là où sous d’autres cieux, ces médias seraient montés au créneau pour relayer la détresse des citoyens, ici ils gardent le silence en échange de la publicité.

 

Faut-il en conclure que la vérité médiatique est désormais à vendre ?

Que ceux qui paient peuvent se permettre tous les désagréments, toutes les négligences, tous les manquements, sans en subir les conséquences de l’exposition publique ?

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Et si la SEEG signait à son tour des contrats avec ces mêmes médias, devrions-nous nous attendre à ce que le silence devienne aussi complice qu’aujourd’hui ?

 

Cette situation est inacceptable. Elle trahit la confiance des citoyens et remet en cause le rôle fondamental de la presse dans une démocratie. Il n’est pas question ici de dédouaner la SEEG de ses responsabilités, mais l’équité dans le traitement médiatique des crises est une exigence morale et citoyenne. Moov Africa Gabon Telecom ne peut continuer à se cacher derrière un communiqué de façade affirmant que « tout est résolu », alors que les abonnés, eux, vivent une tout autre réalité, jour après jour.

 

Il est temps de dénoncer cette fourberie. Il est temps de poser la question de l’indépendance réelle des médias. Il est temps que le régulateur des télécommunications sorte de son mutisme. Et surtout, il est temps que Moov Africa Gabon Telecom soit confrontée à ses responsabilités : celles de garantir un service fiable, y compris en cas de coupure électrique, conformément aux obligations de sa licence.

 

Les Gabonais méritent mieux que des mensonges déguisés en silence. Ils méritent une vérité libre, égale, et audible.

 

Jocelyn Louis NGOMA

Acteur de la société civile

 

 

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