Justice: quand Sylvia Bongo se drape du dérangeant statut de victime
Pour réussir à se faire passer pour une victime, il est toujours très utile de fournir un coupable. Et quoi de plus excitant pour une personnalité sadique que de voir sa proie accablée par tous et être de surcroît présentée à sa place sur le banc des accusés? La preuve, dans une communication effectuée ce jeudi 03 juillet, Sylvia Bongo Valentin et son fils Noureddin dénoncent des détentions extrêmes, des actes de torture » dans les sous-sols du palais présidentiel » par le nouveau pouvoir après le coup d’État d’août 2023.
Le mécanisme d’inversion de rôle
Une déclaration choc. A la fois rhétorique et psychologique, ce mécanisme fallacieux pour de nombreux gabonais vise à déplacer la responsabilité d’actes répréhensibles depuis le véritable coupable vers une tierce personne. Rappelons nous de l’état de détention des prisonniers politiques sous leur régime.

En clair et pour notre cas précis, il s’agit pour Sylvia Bongo et son fils d’occulter les impairs commis par eux-mêmes pour accuser un tiers de bien pire . Ainsi, en accusant par exemple le régime d’Oligui Nguema de spoliation forcée de leurs biens, le stratagème de diversion offre une occasion de détourner l’attention de l’objet problématique. Le tout est d’être vraisemblable plutôt que vrai.
Gagner les faveurs de l’opinion publique
Pour redorer leur image, Sylvia Bongo Valentin et Noureddin n’hésitent pas à en rajouter des tonnes pour que tout le monde croie à leur position lésée et accablée par les évènements. Pour que l’histoire compte un gentil, il faut bien qu’il y ait un méchant après tout. En effet, le récit est à vous faire couler de chaudes larmes. « Nous, Sylvia et Noureddin, avons subi humiliation et mise en scène mensongères » ; « Notre détention provisoire de près de deux ans s’est déroulée en isolement total… »; » fouettés, électrocutés, noyés, battus et bien pire « , crient-ils dans leur déclaration. Mais les gabonais ne sont pas dupes. Le général Oligui, devenu officiellement président du pays le 12 avril dernier, avait démenti à la fin de mars toute forme de torture et promis que Sylvia et Noureddin, qui doivent être jugés pour détournement de fonds publics, bénéficieraient d’un « procès équitable ».
Le parquet a tenu à préciser que Sylvia Bongo Valentin et Noureddin se trouvent actuellement sous un régime de liberté provisoire, en attendant leur procès. Et aujourd’hui, les gabonais savent tout ou presque. Ils sont informés que les derniers éléments de l’enquête judiciaire révèlent qu’en 10 ans, Ali Bongo a reçu des virements irréguliers sur son compte d’un montant total de 266milliards Cfa. Ils savent que les villas notamment les 2 appartements de Nourredin ont été achetées sous fond de rétrocommissions d’équipements militaires. Ils savent que plusieurs vidéos ont circulé montrant Ali Bongo fêté son anniversaire avec les membres de sa famille cela montre qu’il n’était ni torturé ni séquestré. Les gabonais ont vu plusieurs chefs d’États rendre visite à Ali Bongo dans sa villa à la sablière. Les gabonais sont informés qu’il y a des enquêtes autour des bateaux battant pavillon Gabon qui faisaient dans la vente illégale de pétrole et d’autres produits. Les bateaux auraient obtenu les accords sur fonds de corruption de la part de hauts dirigeants du régime déchu. Les gabonais s’impatientent désormais de la tenue d’un procès contre les membres de l’ancienne famille présidentielle.