Le Ministère des Affaires Sociales n’a Aucune Excuse pour Son Silence Face à la Détresse des Déguerpis
Ils sont des centaines. Des familles entières, enfants dans les bras, effets personnels entassés sur des charrettes de fortune, jetées à la rue sans ménagement. Cela se passe à quelques mètres de l’Assemblée nationale, symbole de notre démocratie. Et pourtant, le drame humain qui s’y déroule n’ébranle visiblement pas les murs du ministère des Affaires Sociales.
Son silence est glaçant. Son absence, criante. Son inaction, coupable.
Aucune excuse ne peut justifier cette démission. Ni le manque de moyens, ni la complexité des procédures, ni les querelles administratives. Le ministère des Affaires Sociales n’a pas le droit de détourner les yeux quand la République fait pleurer ses enfants.
L’État peut, et doit, rétablir l’ordre, assainir le foncier, corriger des décennies d’anarchie et de clientélisme. Mais il ne peut pas le faire en écrasant, au passage, ceux qui n’ont d’autre tort que d’avoir cru aux promesses d’un acte notarié, d’un papier administratif, ou simplement à leur bonne foi.

Oui, il y a des abus. Mais non, toutes les victimes ne sont pas des hors-la-loi. Beaucoup sont des Gabonais modestes, ignorants des complexités juridiques, abusés par des vendeurs véreux ou de faux héritiers. Ils ne méritent ni le mépris ni le silence.
Le rôle du ministère des Affaires Sociales, c’est précisément de faire le tri, de protéger, d’accompagner, de réparer. Or jusqu’ici, rien. Pas de cellule de crise, pas de soutien logistique, pas même une déclaration publique.
Ce mutisme devient une faute politique. Pire : une trahison sociale.
Dans un État digne, on ne reconstruit pas l’ordre sur les ruines de l’innocence. La rigueur ne doit jamais se substituer à la justice. Le ministère doit sortir de son sommeil et jouer pleinement son rôle : recenser les familles, proposer des solutions d’hébergement, ouvrir une cellule d’écoute, coordonner avec les ONG, et surtout, communiquer honnêtement avec la population.
À défaut, il faudra que d’autres voix, celles de la société civile, des syndicats, des citoyens debout, prennent le relais pour rappeler à ce ministère que son silence est une forme de violence.
Car aujourd’hui, ce ne sont pas seulement des maisons qui tombent. C’est la confiance dans l’État social, le vrai.
Aimé Jordan PANGO