Pour une communication institutionnelle respectée en Cinquième République
Depuis l’aube de la Cinquième République, une aspiration légitime anime les Gabonaises et les Gabonais : celle de voir s’ériger un État nouveau, plus juste, plus transparent, plus proche de ses citoyens. Cette ambition, portée par une transition inédite et une volonté de rupture, ne saurait être concrétisée sans un cadre rigoureux de gouvernance, de responsabilité, mais aussi de communication institutionnelle maîtrisée.
Or, depuis quelque temps, un mal insidieux gagne du terrain : la confusion des voix.
Des individus se réclamant de la « société civile », parfois autoproclamées, investissent les réseaux sociaux, les plateaux de télévision ou les espaces publics pour parler au nom de l’État, anticiper des décisions officielles, interpréter la pensée du président de la République, ou encore engager le gouvernement sur des sujets sensibles, sans aucun mandat ni légitimité.
Quand la parole se brouille, l’État s’affaiblit
La République a ses règles. Parmi elles, celle fondamentale de l’organisation de la parole publique. La communication institutionnelle n’est pas un champ d’expression libre : elle obéit à des codes, à des porte-voix désignés, à une hiérarchie de responsabilités. Lorsqu’elle est parasitée, contredite ou concurrencée par des voix extérieures, aussi bien intentionnées soient-elles, elle perd en autorité, en clarté, et expose l’État à l’instabilité de l’opinion.
Une société civile à sa juste place

La société civile a un rôle crucial à jouer. Elle est la conscience critique et constructive de la nation. Elle oriente, éclaire, interpelle, propose. Elle agit pour que l’intérêt général soit respecté. Mais elle ne gouverne pas, ne parle pas au nom du chef de l’État, et ne s’arroge pas le monopole de la vérité d’État.
Le danger n’est pas dans la diversité des opinions. Il réside dans l’usurpation de la parole institutionnelle, dans la substitution insidieuse des circuits officiels par des discours improvisés, personnels, parfois sensationnalistes, et souvent sans cohérence avec les réalités du pouvoir républicain.
L’urgence d’une clarification
Il est temps que la Présidence de la République, la Primature, les ministères compétents, ainsi que les organes de communication de l’État réaffirment leur autorité et leur exclusivité en matière de communication publique.
Il est temps également que la véritable société civile gabonaise, c’est-à-dire celle qui œuvre avec sérieux, éthique et responsabilité sur le terrain social, se distingue des figures en quête de notoriété ou de positionnement politique.
Le peuple gabonais a soif de vérité, de cohérence, de confiance. Cette confiance ne se construit pas dans le vacarme. Elle s’enracine dans la constance, la rigueur et la clarté des institutions. Restaurer et faire respecter la parole officielle, c’est renforcer la République.
Que chacun reste à sa place, pour que la nation avance dans l’ordre, la dignité et le respect de l’intérêt commun.